Portraits
Rencontre avec Thierry Stremler, auteur-compositeur génial de la chanson française

Nous avons rencontré Thierry Stremler (en concert au Solo le 8 juin 2025 !) au détour d’un café à Pigalle. Auteur-compositeur de talent, il nous accueille dans un café animé du quartier. Dans le brouhaha ambiant, nous passons commande avant de commencer l’interview.
Thierry demande un croque-madame, on lui ramène un hot-dog, cocasse. Rencontre avec un personnage singulier et un artiste singulier.
Qui est Thierry Stremler en dehors de la musique et du théâtre ?
Thierry Stremler : Un homme ! (rires) Je suis de nationalité française et je suis né à Paris. Mais je suis originaire de Nevers. J’ai également habité à Boulogne, Berlin et Lisbonne. J’ai beaucoup voyagé.
J’ai d’abord sorti deux disques en major, chez EMI, en 2000 et 2003, sur le label Source. C’était la grande époque de l’industrie musicale, on avait de vrais moyens pour faire des albums.
Quelle est la première image qui te vient en tête quand tu penses à ton enfance
Thierry Stremler : C’est une maison que nous avions à Orléans quand j’étais petit. Elle était rectangulaire. J’avais une nounou là-bas. Il y avait une salle à l’étage avec un petit train.
Photo : Thibault Montamat

À quel moment as-tu su que tu allais faire de la musique dans la vie ?
Thierry Stremler : J’ai toujours su que je voulais faire ça, depuis l’enfance, mais je n’osais pas trop me l’avouer.
Au lycée, j’ai eu un groupe qui s’appelait Vercoquin, où je composais et écrivais les morceaux, c’était en anglais. Avant ça, j’avais un groupe avec mon cousin. On écrivait des chansons d’adolescents avec trois accords, j’avais 13 ans. Nous composions pendant les vacances d’été.
D’ailleurs la chanson « Ah le rock c’est fou » , vient directement de cette période.
Voir aussi : Coup de cœur pour SAVANAH et son premier EP : «Céleste»
Si tu devais décrire ton univers en trois mots, lesquels seraient-ils ?
Thierry Stremler : Pop – chanson – française. Mais j’ai aussi des influences anglaises, brésiliennes, portugaises, américaine et parfois africaines. Je pourrais citer des artistes comme Paul Simon ou Randy Newman.
Voir aussi : Aurélien Vivos dévoile son premier album : « La plus belle histoire du monde »
Quelles sont les rencontres qui ont marqué ton parcours humainement et artistiquement ?
Thierry Stremler : Tout a commencé avec mon groupe au lycée, notamment avec Jérôme Goldet, qui jouait de la guitare. Nous étions en seconde, et ça a été une rencontre importante.
Il y a aussi eu ma rencontre avec Mathieu Chedid et Mathieu Boogaerts, le 21 juin 1990, à la Fête de la Musique. Je venais d’avoir 21 ans. Avec Jérôme, nous cherchions un batteur pour une tournée, c’était notre premier plan « pro ». Par hasard, nous sommes tombés sur deux mecs en train de faire un bœuf, quai des Grands Augustins. C’était eux. Nous sommes restés, nous avons sympathisé.
Mathieu (Chedid) avait 18 ans, mais il était déjà pro. C’est l’une des premières personnes qui m’a montré qu’il était possible de faire de la musique de manière professionnelle. Tout est devenu possible à ce moment.
Voir aussi : Pourquoi « Six » d’INNOCNT est l’EP que vous devez absolument écouter
Y a-t-il un livre, un film ou une œuvre qui t’a profondément marqué et influencé ?
Thierry Stremler : Il y en a plein ! Mais si je devais citer un livre, je dirais Martin Eden de Jack London.
Pour moi, la musique est vraiment l’art le plus universel.
THIERRY STREMLER, POUR EPIC MAGAZINE FRANCE
À quoi ressemble une journée type de Thierry Stremler ?
Thierry Stremler : Évidemment, mes journées tournent autour de la musique. Ça dépend si j’ai un concert ou non.
J’essaie d’écrire des chansons. Si j’ai un concert, je répète. J’ai souvent des mélodies qui me viennent en tête, alors j’essaie d’en faire des maquettes. J’écoute aussi beaucoup de musique. Avec le streaming, c’est fou tout ce qu’on peut découvrir ! Avant, j’avais un nombre de disques limité.
Photo : Thibault Montamat

Y a-t-il un endroit où tu te sens le plus inspiré ?
Thierry Stremler : J’aime bien le Jardin des Plantes et les bords de Seine.
Je viens de passer six ans à Lisbonne, où j’ai un appartement qui m’inspire beaucoup. Je viens de rentrer à Paris, mais je ne sais pas encore si je vais y rester car j’aime bien être là-bas.
Voir aussi : Folie’s dévoile un nouveau clip : Focus sur un artiste en pleine ascension
D’après toi, quel rôle joue la musique dans le monde actuel ?
Thierry Stremler : Ce qui est fou avec la musique, c’est qu’elle crée des liens entre les gens.
Une fois, au fin fond du Ghana, j’avais une petite guitare avec moi. J’ai joué une chanson de Bob Marley, cela devait être « Stir it Up » ou « Could you be loved » dans un village où il n’y avait ni électricité ni téléphone, et pourtant, tout le monde connaissait. Je jouais aussi « When The Saints Go Marching In » et tout le monde connaissait.
Pour moi, la musique est vraiment l’art le plus universel.
Si tu pouvais dîner avec n’importe quelle personnalité, vivante ou disparue, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Thierry Stremler : Paul McCartney.
Je l’ai vu en concert pour la quatrième fois en décembre 2025 à la Défense Arena, c’était incroyable. J’ai pleuré sur Blackbird.
C’est le seul artiste que je pourrais presque idolâtrer, même si j’admire plein d’autres gens.
Voir aussi : Lola Young : L’ascension fulgurante d’une étoile montante
Quel est le compliment qui t’a le plus touché dans ta carrière ?
Thierry Stremler : Quand j’étais adolescent, ma mère m’a dit qu’une de mes chansons était vraiment jolie. Ça m’a profondément touché.
Un autre compliment marquant, c’était lors d’une émission sur France Inter où j’étais invité. Charles Aznavour était présent. Après avoir chanté ma chanson, il est venu me voir et m’a dit : « Bravo, c’était super. » Je m’en souviendrai toujours.
Si tu pouvais t’envoyer un message à toi-même quand tu avais 20 ans, que te dirais-tu ?
Thierry Stremler : « Ne te prends pas la tête. »
Quand j’avais 20 ans, le monde était plus simple qu’aujourd’hui, et pourtant, je me posais trop de questions.
J’analysais trop les choses, parfois au point de ne pas vivre pleinement certains moments. Que ce soit en amour ou dans ma vie professionnelle, j’avais trop de recul sur tout.
Tu as composé pour des grands noms de la chanson française, peux-tu nous en dire plus ?
Thierry Stremler : J’ai composé pour Françoise Hardy sur les albums Tant de belles choses, La pluie sans parapluie, L’amour fou et Personne d’autre.
J’ai aussi écrit Toutes les eaux du monde pour Liv Del Estal, sur son EP Ma vie en vrac.
Voir aussi : Pétrole Brut : L’électro-pop poétique qui réinvente la chanson française
Françoise aimait beaucoup les chanteuses à voix comme Lara Fabian ou Céline Dion. Paradoxalement, elle écoutait aussi des artistes plus indé comme Cigarettes After Sex !
J’ai également écrit pour Enrico Macias, Dave, Coralie Clément (la sœur de Benjamin Biolay) et Maya Barsony. Récemment, j’ai écrit un texte pour le fils de Linda de Suza, à Lisbonne.
Retrouvez Thierry Stremler au Solo le 8 juin ! : Reserver