Portraits
Rencontre avec Arthur Ely : un album saignant et vivant (Interview)
Avec « Saignant« , Arthur Ely signe un album où les mots prennent feu et où la poésie devient un terrain de jeu vivant. Dans cette interview, il raconte la naissance chaotique du projet, ses influences qui vont de Brassens à la Bossa Nova, son obsession pour les textes et cette langue saignante qu’il façonne au fil des chansons. Entre résilience, humour, ruptures et petits bouts de quotidien, Arthur ouvre les portes d’un disque intense et profondément personnel.
Epic Magazine France : Pourquoi avoir appelé ton album « Saignant » ?
Arthur Ely : « Saignant« , c’est d’abord une histoire de langue. J’aime l’idée d’une langue qui saigne, une langue vivante. Pour moi, la poésie, c’est trouver une manière de parler qui nous appartient vraiment, qui nous ressemble au quotidien. Pas des mots trop cuits ou trop travaillés, mais des mots saignants.
J’aime aussi savoir qu’une goute de sang est unique à chaque être humain, qu’elle est codée génétiquement et n’appartient qu’à nous. Pour moi, la langue fonctionne pareil : chacun porte la sienne. Et puis il y a un rapport évident à la vie : le sang, c’est ce qui nous tient debout. Je voulais que l’album soit comme ça, vivant.
Quel message as-tu voulu délivrer à travers cet album ? Quelle était l’idée globale ?
Arthur Ely : L’idée, je l’ai découverte en avançant. Je ne pars jamais d’un concept précis. Au début de l’écriture, j’ai traversé une période de chaos total : j’étais perdu, je ne comprenais plus qui j’étais, ni comment fonctionnait la vie. Je n’ai jamais autant écrit que pour « Saignant » : j’ai dû composer une centaine de chansons.
Au fond, la quête était de mettre en musique les poèmes que j’écris depuis trois ans. Et au fil du temps, j’ai compris que le fil rouge, c’était la résilience. Comment on se reconstruit. Comment on retrouve des moments lumineux après en avoir traversé de sombres. Cet album parle de ça : tomber, tenir, puis réapprendre à vivre.
« Je n’ai jamais autant écrit que pour cet album : j’ai dû composer une centaine de chansons. »
Arthur ely pour epic magazine france
Quel est ton premier souvenir musical ?
Arthur Ely : Je crois qu’il y a un truc avec Brassens. Ma mère écoutait beaucoup de chanson française et j’étais fasciné par sa capacité à raconter des histoires très détaillées, presque comme des petites nouvelles mises en musique. C’est surtout le titre « Bravo Margot » qui me vient à l’esprit.
Quelles ont été tes trois influences principales pour cet album ?
Arthur Ely : En travaillant sur « Saignant« , j’étais obsédé par la guitare acoustique. J’ai beaucoup écouté de Bossa Nova, notamment Baden Powell. Sa musique tournait souvent pendant que j’écrivais.
J’ai aussi beaucoup écouté du rap : Luther, Rouhnaa, Hjeune Crack… Leur manière de jouer avec la langue m’a beaucoup nourri.
Et puis il y a la chanson française : Brassens, toujours présent quelque part, et Souchon. J’admire la façon dont Souchon mélange des thèmes très différents dans une même chanson. On a l’impression que ses morceaux ont plusieurs faces et j’aime ça.
Quel est ton titre du moment ?
Arthur Ely : En ce moment, j’écoute beaucoup « Insensatez » d’Antônio Carlos Jobim. Il y a quelque chose d’hypnotisant dans ce morceau, à la fois doux et mélancolique.
Quel est l’artiste avec qui tu aimerais faire un duo ? Quel serait ton duo de rêve ?
Arthur Ely : J’aurais adoré faire un titre avec Georges Brassens. Un truc très simple : guitare-voix, sans arrangements. Juste lui avec sa guitare et moi avec la mienne.
As-tu un processus particulier pour la création de ta musique ?
Arthur Ely : En général, je travaille beaucoup seul. Une fois que j’ai écrit et composé les chansons, j’en parle à mon manager Benjamin. On fait des sessions d’écoute et c’est souvent avec lui que je fais le tri. Il me donne des retours sur les structures et les intentions.
Pour la production, je travaille principalement avec Gaétan Le Calvez. Je collabore aussi avec Jacques, que beaucoup connaissent pour sa musique électronique, avec qui j’ai coécrit « Les fleurs poussent à l’envers« .
Mon processus est donc un mélange : beaucoup de solitude, mais aussi des collaborations choisies avec des personnes qui comprennent vraiment ma manière de créer.
Pour les personnes qui ne te connaissent pas encore, comment les inviterais-tu à découvrir ta musique ?
Arthur Ely : Je pense qu’il faut aimer les textes, parce qu’il y en a beaucoup dans « Saignant« . Je suis quelqu’un de bavard. L’idée était de mettre en musique les poèmes que j’écris, donc ça raconte plein d’histoires : des ruptures, des petits-déjeuners, de la trahison, des chansons sur la plage…
J’essaye de parler des grands événements de ma vie à travers de petits moments du quotidien. Il faut aimer se perdre dans les histoires.
Et je remarque que les gens qui m’écoutent ont souvent une écoute active. Beaucoup me découvrent aussi grâce aux live sessions que j’ai sorties récemment, qui représentent bien mon univers.
« Saignant », le nouvel album d’Arthur Ely disponible partout
Retrouvez Arthur Ely en tournée : Infos et réservations
- A Thou Bout d’Chant, Lyon : 21 novembre
- Bulle Café, Lille : 2 décembre
- L’île aux fruits, Amiens : 4 décembre
- 10 décembre : Point Ephémère, Paris
- Zénith, Rouen : 15 janvier (support Louane)
- 16 janvier Le Havre (76) @Festival littéraire Le goût des autres
- 17 janvier Le Havre (76) @Festival littéraire Le goût des autres
- Le Piaf, Bernay : 28 avril
